Tuesday, December 22, 2009

Fly Farm Blues

Bonjour aujourd'hui, je propose que l'on accorde l'immortalité à Jimmy Page, The Edge et Jack White pour tout ce qu'ils ont apporté et apportent encore à la musique.
Des contestations? Regardez d'abord "It might get loud", chef d'oeuvre de Davis Guggenheim et osez me dire non. Une merveille qui mériterait d'être diffusée dans toutes les écoles françaises (au moins, nos têtes blondes en sortiraient moins bêtes) une fois par an.
Et s'il y a ici un crétin qui pense que The Edge ne la mérite pas, si ce même crétin fait partie de cette espèce qui dénigre constamment U2, je propose que nous le pendions haut et court. C'est facile de les critiquer, essayez seulement d'accomplir 1/50 de ce qu'ils ont fait et nous en reparlerons.

Ces trois héros se sont réunis pour parler musique. "Rien que ça?" me direz-vous, "savez-vous au moins de qui nous parlons?" vous rétorquerais-je.
Jimmy Page. Riff master, solo master, master tout court. Led Zeppelin. LED ZEPPELIN les amis! Des rois! Tandis que mes congénères incultes du collège écoutaient Nirvana ou NOFX a plein tube, je vibrais avec ces quatre surhommes et pour ça Papa, je te serai éternellement reconnaissante.
The Edge. Machine à tubes, riff master incontestable, une émotion transcendante, un extra-terrestre qui parle par sa guitare. J'ai toujours ri des gens qui se moquaient de U2, ces gens qui crachent sur le tout commercial alors qu'ils rêvent secrètement d'en faire partie. Si U2 rassemblent autant de monde, c'est qu'il y a une raison.
Jack White. Faut-il que j'en parle encore? Non, je crois que vous savez tous ce que je pense de ce Dieu (sinon relisez mon article "Midnight Rambler") capable de te faire une guitare avec une corde, une planche de bois, un aimant et une bouteille de Coca.

1h37 de pur bonheur, d'émotions, de boeufs incroyables, d'images folles de leurs succès, un régal. Quand on regarde ce film, on se demande pourquoi les ondes passent tant de merdes, pourquoi les gens écoutent cette même merde, pourquoi Phœnix existe, pourquoi la musique électronique est si populaire, pourquoi pourquoi pourquoi?
J'en frissonne encore. La tendresse de The Edge, la puissance de Jack White, la nostalgie de Jimmy Page sont à vous couper le souffle. Ces trois Dieux ont une approche musicale purement passionnelle, ils ne sont pas comme tous ces cons d'aujourd'hui qui montent des groupes pour se la péter ou parce qu'ils n'ont rien dans leurs vies, ils ne se la jouent pas avec des solos de 15 minutes (non les gars, ce n'est pas ça le talent), non, ils vivent exclusivement pour ça, leurs mondes ne tournent qu'autour d'une seule chose, c'est viscéral, c'est fantasmagorique.


Pour ça je te pardonne, Guggenheim, d'avoir fait "an inconvenient truth", rien que pour ça, tu mérites un oscar parce que ça, c'est de la musique.

Sunday, December 13, 2009

Gimme Shelter

Bonjour, aujourd'hui je vais légèrement reprendre la route avec une question:

la Route serait-elle l'allégorie du grand bond en avant, chef d'oeuvre de la politique maoiste ayant causé 30 millions de morts?

Extrait: "la famine provoque la réapparition du cannibalisme sur une grande échelle: les familles échangent les enfants pour les manger, certains découpent de nuit des cadavres pour manger. Ceux qui se révoltent sont abattus".
On cultivait des enfants pour les manger, comme le garde-manger humain du livre.
Nous pouvons effectivement le lire dans ce sens: un cataclysme, dont on ne sait rien, a entraîné un besoin instinctif de survivre à n'importe quel prix, l'homme est alors retourné à l'état de nature par excellence. Tristement naturel, oui.

Saturday, December 12, 2009

Prodigal son

Bonjour, aujourd'hui, je vais parler de la Route, le chef d'oeuvre de Cormac, le raté de John Hillcoat.
Etant ultra fan de Cormac Mccarthy, je suis naturellement allée voir ce film avec une énorme appréhension; en effet s'il y a un livre de ce Génie qu'il ne faut pas adapter au cinéma, c'est bien celui-là. Certains autres oui, pas de problème, j'approuve. Par exemple les Coen avaient frappé très fort avec No country for old men, les couleurs, acteurs, ambiances étaient absolument parfaits.
Là, La Route. Apocalypse, instincts, foi. Ce livre m'a tue(r), lu en deux heures, tenue en haleine d'un bout à l'autre, j'ai cru que l'on m'arrachait les tripes (métaphore pour moi, réalité pour certains personnages). De l'émotion purement pure, une légèreté dans l'horreur hallucinante, fluidité parfaite, bref, une merveille.

SPOILER ALERT!

Bon déjà, le film commence 20 minutes après un carnage de réclames pourries - bientôt ils vont réussir à nous caler des entractes pour faire leur propagande ces cochons.
Puis boum, Viggo (quel acteur celui-là, impressionnant de talent).
Connaissant déjà les scènes, j'ai su quand je devais me cacher les yeux et boucher mes oreilles, je pleurais à l'avance, blablabla... mais en fait je n'ai vu qu'un enchaînement de moments forts du livre ayant perdu leurs sens. La scène du garde manger humain est insoutenable, l'arrivée à la côte est insignifiante, la mort du père arrive comme un cheveu sur la soupe, vraiment, je ne suis pas rentrée dedans (en même temps, personne n'en a envie hein). Pas de poésie, pas d'émotions, pas de délicatesse, rien. Si le livre vole comme un viper (thanks to Kara), le film est lourd et saccadé. Les inrocks l'ont très bien exprimé: alors que le livre était métaphorique et minimal (je ne suis pas du tout d'accord avec ça, les Inrocks ne doivent pas connaître le sens de ce mot), le film est littéral.
Bref, c'est un raté-mais-pas-tant: acteurs fabuleux, images apocalyptiques réussies, le malaise est là.

"If he is not the word of God, God never spoke."