Saturday, September 10, 2011

Live Forever



Bonjour aujourd'hui, j'ai de la chance d'habiter à New York. Enfin je crois...

J'ai de la chance parce que quand je sors du métro à 3h du mat', les jeunes hommes sont une défense plus qu'une menace.
J'ai de la chance parce que le week-end, je prends mon petit déjeuner au Guggenheim où les serveurs m'appellent "pretty frenchy", puis j'erre en souriant bêtement dans la rotonde jusqu'à la fermeture.
J'ai de la chance parce que je ne me dis jamais "damn, rien à faire aujourd'hui".
J'ai de la chance parce qu'autour de moi, rien n'est uniforme.
J'ai de la chance parce que j'habite à côté de Paul Auster et Steve Buscemi.
J'ai de la chance parce que j'ai pris un métro de 1924.
J'ai de la chance parce que Muddy Waters et Cream rythment les boutiques, et Led Zeppelin - live - les bars.
J'ai de la chance parce qu'il m'arrive de déjeuner sur le toit du Met, d'où je domine Central Park, après avoir passé deux heures dans la salle Monet. Pour 1 dollar.
J'ai de la chance parce que je n'ai pas peur, jamais.
J'ai de la chance parce que le garde de la statue Ours jaune devant le Seagram Building m'a laissée la toucher "Fine Celine, first and last time". (Peut-être qu'à force de m'y voir, il me laissera un jour entrer dans l'immeuble.)
J'ai de la chance parce que j'ai vu plein de tournages de séries que j'aime.
J'ai de la chance parce que quand je suis en haut du 30 Rock et que je raconte l'histoire des buildings de New York à ma mamie, les touristes français me remercient.
J'ai de la chance parce que mon libraire m'a avoué qu'il ne comprenait pas l'engouement des français pour Amélie Nothomb (Joe, I love you).
J'ai de la chance parce que quand je regarde au loin, je vois une succession de plans.
J'ai de la chance parce que je vois des vieilles en total look cuir bottes/short/corset sur Madison Avenue.
J'ai de la chance parce que quand on me bouscule, on se confond en excuses.
J'ai de la chance parce qu'aucune rue ne ressemble à sa voisine et l'on peut changer de pays à chaque carrefour.
J'ai de la chance parce que je peux me moquer des gens qui font une heure de queue pour un macaron Ladurée.
J'ai de la chance parce que quand je mentionne Levon Helm, on ne me regarde plus avec un air interrogatif.
J'ai de la chance parce que je ne sais plus à quoi ressemble un dimanche.
J'ai de la chance parce que quand Youri est assis en face de moi dans le métro, nos voisins se lèvent pour que l'on soit côte à côte.
J'ai de la chance parce que quand je suis fatiguée de la cohue, je lis dans une cour publique avec des murs d'eau.

Alors oui, je bois du mauvais vin, je manque de cuisses de grenouilles et autres carrés d'agneau mais la simple perspective de rêvasser près du réservoir de Central Park ou de lire sur la highline au coucher du soleil me donne envie de changer de nationalité.