Tuesday, March 30, 2021

Quand les parents s'ennuient.

Ils sont épuisants. 

J'en ai marre d'entendre des gens se plaindre parce qu'ils n'ont plus de temps pour eux depuis qu'ils sont parents. Ou que leurs enfants ne leur témoignent pas de reconnaissance et qu'ils s'octroient le droit de pleurer leur ennui. Ou qu'ils hurlent qu'ils sont tout simplement fatigués de leur parentalité. 

Je suis énervée de constater qu'avoir des enfants est devenu un truc devant être valorisant, qui doit t'apporter de la reconnaissance ou qui doit être intéressant. Pire, que l'enfant doit procurer un résultat positif à son/ses parent(s).

Depuis quand fait-on des enfants pour soi sérieux ? De quel complexe de supériorité souffres-tu pour estimer être perturbé dans ton équilibre par l'existence d'un autre être que tu as choisi d'avoir ? 

Premièrement, ce qui transparaît le plus dans ces affirmations est l'extrême confort dans lequel vivent ces gens. Ils ont tellement de temps, paradoxalement, et si peu de problèmes au quotidien qu'ils ont le luxe de se poser ces questions. Et c'est finalement assez symptomatique de nos générations, où tout est analysé sous un prisme ultra-individualiste, faute de réel problème. Tu évalues le degré de positif d'avoir des enfants sur ce que cela va répercuter chez toi, ton amour propre ou encore ta place dans un cercle. 

Deuxièmement, et c'est important: l'enfant ne doit rien t'apporter. Jamais. Rien du tout. Ce n'est pas à lui de t'apporter quelque chose en fait. Lui n'a rien demandé, il est là par TON choix. Et à un moment, plutôt que de te défausser de toute responsabilité, tu assumes. On ne peut pas les rendre en magasin hein, sinon fallait acheter une poupée qui chiale. Lorsque l'on n'est pas capable d'équilibrer sa vie, de se mettre en retrait pour permettre à un autre être de vivre, on ne fait pas d'enfant (et d'ailleurs, on quitte la société). Un enfant n'est pas un jouet que l'on consomme parce qu'on est seul(e) et qu'on s'ennuie. Il n'a pas d'obligations de résultat ou de performances à réaliser. Toi, en tant que parent, si. 

Troisièmement, il est évident que les enfants sont parfois très chiants. C'est le principe d'avoir un être qui dépend de vous. C'est la vie, c'est tout. Il n'y a pas à se poser de questions, on y perdrait des plumes et des neurones. On a le droit de les critiquer en eux-mêmes, pas des responsabilités qui en incombent, car c'est là que tu passes pour un putain d'enfant gâté à l'égocentrisme exacerbé. Le moi n'est pas une échelle de valeur avec laquelle un enfant doit être évalué. Il n'a PAS à être évalué, jamais. Si tu penses qu'il doit l'être, n'en fais pas et achète un chat. On ne se détourne pas de ses devoirs, ne serait-ce que par respect pour ceux qui n'y ont pas accès. 

C'est tout de même incroyable de dépenser autant d'énergie à geindre. Nous vivons tellement dans une société de déresponsabilisation que sans arrêt on quémande, on se plaint, ce n'est JAMAIS de notre faute (et pourtant, si, tout le temps), on n'assume pas, on abandonne. Ce n'est pas la question d'avoir les épaules ou d'être fait pour ça. On s'adapte aux situations en fait. On n'est pas heureux ? On s'améliore. Mais non, ce serait vraiment trop fatiguant.